lundi 31 août 2015

ABBAYE DE HAUTE-SEILLE

L'ABBAYE DE HAUTE-SEILLE (54) :

NÉE DE LA VOLONTÉ D'AGNÈS DE LANGENSTEIN

SITUATION

L'abbaye de HAUTE-SEILLE est un hameau dépendant de la commune CIREY SUR VEZOUZE (54) situé à 300 mètres d'altitude, en bordure de la rivière VEZOUZE.

HISTOIRE

L'abbaye est fondée sur les terres du comté de SALM vers 1140 par Agnés de LANGENSTEIN, veuve du comte Hermann De SALM, et châtelaine de LANGENSTEIN à PIERRE PERCCE (54) - voir ce nom. L'abbaye est placée sous le vocable de NOTRE-DAME-DE-SEILLE et dépend de l'évêque de METZ Etienne. L'abbaye est confiée aux moines de TEULEY. A la mort d'Agnès, l'évêque de METZ décida en 1147 de déposséder ses héritiers, les SALM, LANGENSTEIN, TURQUESTEIN, WALTERINGEN et BUSNES à son profit, évitant aux moines une guerre de succession. Cette décision fut entérinée par le pape Eugène III la même année.

En 1176 la totalité des bâtiments  abbatiaux sont consacrés  par Pierre de BRIXEY, évêque de TOUL L'abbaye qui suit la règle cistercienne est placée sous la protection des comtes de SALM. Henri de SALM, puis son fils Ferry causeront bien des tourments aux moines. Possédant le château de BLÂMONT, FERRY se livre à des razzias sur l'abbaye donnant lieu à plusieurs conflits. En désespoir de cause, les moines font appel au duc de Lorraine FERRY III en 1267. A la fin du XIII° siècle, la branche des SALM devenue comtes de BLÂMONT vont enfin laisser les moines en paix.

Au XIV° siècle l'insécurité perdure, notamment en 1391 lorsque l'armée Messine affronte celle d'HENRI III de BLÂMONT à CIREY SUR VEZOUZE. Au XVI° siècle, les habitants de FREMONVILLE attaquent l'abbaye. Les moines s'en plaignent auprès du duc de Lorraine ANTOINE LE BON. Il semble que ces incidents se soient déclarés suite à l'arrivée des doctrines de LUTHER. Le 19 février 1556 Jean de XANREY est élu abbé. L'abbaye est livrée au pillage au cours des conflits opposants CHARLES-QUINT au roi de France FRANCOIS  1er. Il est aussi à supposer qu'à l'instar des exactions envers l'abbaye de SENONES, les comtes et plus tard les Rhingraves de SALM aient continué à rançonner HAUTE-SEILLE. L'on retrouve plusieurs arbitrages prononcés contre la famille de SALM à ce sujet. 

Vers 1600, l'abbaye de HAUTE-SEILLE annexe le prieuré de HESSE (57) qui avait été fondé par les comtes de DABO. Ce fait déplu aux comtes de LINANGE leurs héritiers. Au cours de la guerre de Trente-Ans, plusieurs métairies dépendant de HAUTE SEILLE furent incendiées par les troupes du duc de Lorraine CHARLES IV. L'abbaye elle-même allait connaître des heures sombres. Les moines durent s'endetter pour réparer les dégâts. En 1648, la situation est si alarmante que l'abbé Dom Louis FERIET va devoir se séparer de plusieurs domaines, notamment des terres Alsaciennes de ROSHEIM (67) pour financer la reconstruction. 

Avec le retour du duc de Lorraine LEOPOLD 1er, l'abbaye va retrouver son faste. Elle est alors sous la protection des princes de SALM-SALM. La Révolution éclate, les moines sont chassés et l'abbaye, vendue comme bien de la nation, transformée en ferme et en carrière de pierre. 

Les ruines sont classées "Monument Historique" en 1927. Elles constituent une propriété privée non visitable.

ETAT ACTUEL

Une partie de l'abbaye en très mauvais état et tombe en ruines. Si plusieurs maisons sont bien entretenues, la cour principale est encombrée de ferrailles. Il ne subsiste qu'une partie de l'enceinte d'origine, un pan de mur de l'église abbatiale et une partie des bâtiments conventuels, non visibles par le public.

ACCÈS

La direction de l'abbaye est indiquée depuis la route reliant CIREY-SUR-VEZOUZE à BLÂMONT.

VUES DU SITE



Vue aérienne (géoportail)




Ruine de l'église ( collection particulière)




L'église au début du XX° siècle ( collection particulière)




Le portail au début du XX° siècle (collection particulière)




Même lieu en 2015




Bâtiment abbatial




Détail de l'enceinte

CHATEAU DE CROISMARE

LE CHATEAU DE CROISMARE (54):

COPOSSESSION DE LA FAMILLE DE RATHSAMHAUSEN DE LA ROCHE PUIS DEMEURE DE BOFFRAND

SITUATION

Le château de CROISMARE se trouve sur la commune du même nom, à l'Est de l'église du village, à 232 mètres d'altitude.

HISTOIRE

La place est connue sous le nom d' HAUDONVILLERS Dès 1157.

C'est une possession des seigneurs de PARROY élevée avant le XIV° siècle citée pour la première fois en 1444. Le château est partagé en 1518. Françoise de PARROY (1494-1525) épouse un seigneur alsacien, châtelain du GUIBADEN (voir ce nom)  en la personne de Georges de RATHSAMHAUSEN DE LA ROCHE ( 1466-1530). Celui-ci devient alors copropriétaire de CROISMARRE.

La veille de la bataille de NANCY contre les troupes Bourguignonnes et au cours de laquelle Charles LE TÉMÉRAIRE perdra la vie, le duc de Lorraine RENE II s’installe au château pour y passer la nuit. A cette époque la place et le village sont appelés CRAON.




La famille DE PARROY


En 1602, le château fait l'objet d'importants travaux, sous l'impulsion de Marc de BEAUVAU mais un incendie qui va ravager l'édifice se déclare en 1721 . 

C'est alors que Germain BOFFRAND, l'architecte du grand château de LUNEVILLE acquiert les ruines. Il va raser les restes du château fort, ne conservant que les douves. Il va édifier un remarquable château long de trente-cinq mètres et y aménager de nombreuses chambres pour y loger ses vingt enfants...

Un vaste jardin à la française est créé ainsi que plusieurs dépendances dont l'une est devenue le manoir actuel.

A la révolution la propriété est rasée. Sous la restauration en 1812, le marquis de CROISMARRE récupère son château qui est dévasté. Au lieu de le restaurer, il décide de le détruire en vendant tous les matériaux récupérables et aménage sa résidence dans l'une des dépendances de la propriété. 

Seuls ce manoir et une ferme sont encore visibles de nos jours.

ETAT ACTUEL

Le château se trouvait sur une île trapézoïdal entouré de douves à l'instar de GOMBERVAUX (55) ou de SAVIGNY (88) - voir ces noms.

CROISMARE est une propriété privée qui ne se visite pas.


VUES DU SITE



Plan du château





Plan du château et des jardins au XVIII° siècle (collection personnelle)




Les douves vers 1900 (collection particulière)


Maquette du château de BOFFRAND ( Château de LUNEVILLE)



Le manoir vers 1900 ( collection particulière)




Le parc vers 1900 (collection particulière)




Détail de l'enceinte



La manoir

MAISON FORTE DE LA MALMAISON

LA MAISON FORTE DE LA MALMAISON (88) :

GARDIENNE DE LA VALLÉE DE LA MALMAISON


SITUATION

La maison forte de LA MALMAISON domine à 330 mètres le ruisseau du même nom. Elle se situe sur la commune de VITTEL (88), en contrebas du village de THEY-SOUS-MONTFORT (88).

HISTOIRE

Châteaux et maison fortes étaient nombreux dans cette vallée du VAIR et relativement rapprochés les uns des autres ( ORGEVILLE, MANDRES, DOMBROT, BELMONT, HOUECOURT).

La maison forte de LA MALMAISON est une possession des puissants seigneurs de LIGNEVILLE qui possédaient leur château aujourd'hui disparu dans la localité éponyme au sud de VITTEL. En 1497 le domaine relevant de LA MALMAISON est soumis à la dîme pour le compte du prieuré de DEUILLY.




Les seigneurs de LIGNÉVILLE 


A l'origine une simple tour fut élevée, puis la maison forte fut créée. Une chapelle dédiée à SAINT-ELOI sera édifiée. Au XVII° siècle, la maison forte dépendra du prieuré de DEUILLY à MORIZECOURT (88).

Les bâtiments seront constamment modernisés au point que plus aucun caractère médiéval ne s'affiche aujourd'hui.

ETAT ACTUEL

Seuls les vestiges de la chapelle subsistent. Ceux-ci ne sont pas visibles, car l'actuelle ferme est une propriété privée qui ne se visite pas.

ACCÈS

La maison forte se trouvait en bordure de la route menant de VITTEL à THEY, juste avant le pont franchissant le ruisseau de La Malmaison.



VUES DU SITE



Bâtiment Nord de la ferme actuelle




Bâtiment Sud de la ferme

ABBAYE DE BONMOUTIER

L'ABBAYE DE BONMOUTIER (54):

PETITE SŒUR D'ETIVAL

SITUATION

L'abbaye de BONMOUTIER, aujourd'hui entièrement disparue s'élevait sur la commune de VAL ET CHATILLON (54), à l'emplacement de l'église actuelle à 330 mètres d'altitude. BONMOUTIER constituait la partie sommitale de la Croix Monastique de Lorraine.


HISTOIRE

L'évêque de TOUL SAINT-BODON, créateur des monastères d'ETIVAL (88) fonde l'abbaye de BONMOUTIER vers l'an 660 et nomme sa fille THEUTBERGE comme abbesse d'une communauté de femmes. Ces religieuses suivaient certainement la règle de SAINT-BENOIT marqués par l'influence de SAINT-COLOMBAN. 

Le domaine de l'abbaye s'étendait sur le massif du DONON et les localités de RAON-LES-LEAUX, PIERRE-PERCEE, BADONVILLER et CIREY-SUR-VEZOUZE.

Vers 880 l'empereur Charles le Gros rattache les abbayes d'ETIVAL et de BONMOUTIER à l'abbaye d'ANDLAU (67), qui est dirigée par sa fille Sainte-Richarde, toutefois l'évêque de TOUL reste le réel propriétaire de BONMOUTIER.

Le 36ème évêque Toulois, BERTHOLD, dans la seconde moitié du IX° siécle, créé le nouveau monastère de SAINT-SAUVEUR à peu de distance de BONMOUTIER. Pour une raison inconnue BONMOUTIER est fermé, les religieuses en sont chassées. L'abbaye ne sera jamais relevée et disparaîtra avec la création du village actuel nommé VAL DE BONMOUTIER au XIII° siècle  ( aujourd'hui VAL et CHATILLON en référence à un château situé non loin de là).


L'étoile rouge situe l'emplacement de l'abbaye de BONMOUTIER

jeudi 27 août 2015

LE DONON

LE DONON (67):

MONTAGNE SACRÉE DES VOSGIENS


Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés, dans le sens où le DONON est le site archéologique le plus proche de mon domicile. Pourtant jusqu'ici je l'ai négligé ; aujourd'hui j'ai décidé de régulariser cette situation...

SITUATION


Le site antique de DONON se trouve sur le territoire de l'ancienne PRINCIPAUTÉ DE SALM-SALM, paroisse de GRANDFONTAINE à 1010 mètres d'altitude, au sommet du GRAND DONON. Point culminant des Vosges gréseuses, son massif s'étend sur les départements du Bas-Rhin, des Vosges, de Meurthe-et-Moselle et de la Moselle. Les rivières SARRE, PLAINE, VEZOUZE et RABODEAU y prennent leurs sources.

HISTOIRE


Le site est occupé depuis la préhistoire. A l'époque celtique, le DONON est le point de rencontre de trois tribus: Les LEUQUES (capitale TOUL), les MEDIOMATRICES (capitale METZ et les TRIBOQUES (capitale BRUMATH). C'est un lieu d'habitat permanent dès le III° siècle avant JC. On ne sait pas grand choses sur les événements historiques qui s'y sont déroulés, la plupart étant légendaires. 

Plusieurs temples ont été édifiés sur la montagne, dédiés à VOGESUS ( dieu celte qui donne son nom aux Vosges), TEUTATES remplacé par MERCURE à l'époque gallo-romaine, le dieu anguipède, CERNUNOS le dieu au cerf, TARANIS le dieu du ciel. Les objets découverts lors des diverses campagnes de fouilles sont exposés aux musées d'EPINAL et de STRASBOURG.

Jusqu'en 1870 le DONON appartenait au département des Vosges, canton de SCHIRMECK
(voir carte ci-dessous)






Avec le Moyen-âge, les temples vont être abattus par les prêtres chrétiens en lutte contre les survivances du culte druidique. Pourtant, ceux-ci n'arriveront jamais à anéantir entièrement les anciennes pratiques, alors on va les christianiser. Ainsi sont nées notamment les "CHAVANDES" qui sont les bûchers des feux de SAINT-JEAN, ou de multiples vierges d'arbres ou de sources qui représentent en réalité des divinités celtiques.

Au XIX° siècle débutent les fouilles archéologiques. En 1869 l'on érige le temple actuel qui n'a rien de gallo-romain et l'on réalise la route pavée qui constitue encore aujourd'hui la partie terminale du sentier d'accès. Ce temple fera office de musée lapidaire jusqu'en 1958 et les grilles métalliques de protection des pièces présentées étaient encore présentes dans les années 1970.

En 1870, c'est le conflit Franco-Prussien, après la défaite française, annexion de l’arrondissent vosgien de SCHIRMECK qui est rattaché à l'Alsace-Lorraine. Premier conflit mondial. L'armée Allemande occupe le site, s'y retranche et construit plusieurs aménagements dont des téléphériques et des voies de chemin de fer pour son ravitaillement. Les soldats édifient l'escalier dit de l'Empereur, qui constitue un raccourcit vers la voie pavée. GUILLAUME 1er est attendu, mais il ne viendra pas...

En 1919 au traité de VERSAILLE, l'arrondissement de SCHIRMECK est rattaché au Bas-Rhin et les communes de RAON SUR PLAINE (88) et RAON LES LEAUX (54) sont spoliées de leurs domaines forestiers au profit de la commune de GRANDFONTAINE engendrant un conflit qui n'est toujours pas réglé cent cinquante ans plus tard.

A la fin des années 1960 un grand pylône relais hertzien est édifié face au temple-musée, dénaturant le site et perturbant l'environnement tellurique des lieux.


LE LÉGENDAIRE

VELLEDA

La célèbre druidesse aurait officié au DONON. Fille de SEGENAX, VELLEDA vivait vers l'an 70. Elle rendit un arbitrage entre les tribus BRUCTERES et TENCTERES à COLOGNE (D). Elle finit sa vie à ROME.

PHARAMOND

Ce personnage mythique, ancètres des rois mérovingiens serait inhumé au DONON...

VICTOR HUGO

L'écrivain a toujours prétendu avoir été conçu sur la montage sacrée alors que ses géniteurs demeuraient à LUNEVILLE, lui même naîtra à BESANCON (25), suite à la mutation de son général de père.


ETAT ACTUEL

Outre le temple-musée juché sur l'entablement sommital de la montagne, il subsiste des vestiges des temples, d'une citerne et d'ouvrage de la première guerre mondiale. Des moulages de stèles votives retrouvées sont exposées en arc de cercle non loin du relais hertzien. Deux tables d'orientation sont installés de part et d'autre du temple musée.


ACCÈS

La route goudronnée qui mène au site est interdite à la circulation. Il vous faudra laisser votre véhicule au col du DONON ( altitude 718 mètres) et utiliser le sentier balisé qui vous conduira au sommet de la montagne en 50 minutes avec quelque 300 mètres de dénivelé). Notez au passage la roche dite des sacrifices qui est une roche à cupules comme il en existe de nombreuses dans les Vosges.


VUES DU SITE



La colonne du dieu anguipède au col du Donon
La statue originale se trouve au musée d'EPINAL




Détail




Sommet du Grand Donon, le temple-musée et le relais verrue




Vestige d'un téléphérique de la Grande Guerre




Le sentier d'accès




La Pierre des Sacrifices




et ses cupules




le "menhir" courbe




L'escalier de l'Empereur




la route pavée




Le sentier franchit l'enceinte celtique




Moulages des stèles votives




Plaque pédagogique










Les copies des huit stèles




Temple inférieur




La citerne




La maçonnerie est postérieure à l'époque celtique




Le temple supérieur




Plateforme sommitale




moulage du bas relief au lion (original au musée d’Épinal)




Le temple-musée contemporain de NAPOLEON III




Les piliers




Façade Ouest





Coté Nord




Extrémité Est de la plateforme et sommet de PETIT DONON




Extrémité Est de la plateforme




La vallée de la Plaine (88/54) et les deux RAON, agglomération partagée entre 
deux communes  et deux départements.




La vallée de la SARRE ROUGE et TURQUESTEIN-BLANCRUPT (57)




Le pays de SALM-SALM (67/88)