dimanche 23 avril 2017

LE CHÂTEAU DE DOMJULIEN

LE CHÂTEAU DE DOMJULIEN (88):


DEMEURE DU VAINQUEUR DU MONT AIGUILLE


SITUATION

Le château de DOMJULIEN se trouvait sur la commune du même nom (88). Ayant entièrement disparu, son emplacement exact n'est pas défini.


HISTOIRE


Les seigneurs de DOMJULIEN sont connus dès le XII° siècle. En 1292 la château est donné par le duc de Lorraine FERRY III à Jean DE ROSIERE. La famille DE VILLE ( VILLE-SUR-ILLON) occupe les lieux au XIV° siècle. DOMJULIEN appartient au bailliage de MIRECOURT. En 1492 Antoine DE VILLE va effectuer un exploit pour le moins singulier. Les faits se dérouleront dans le VERCORS...

Dans ces montagnes existe un rocher abrupt nommé le MONT AIGUILLE où encore jamais l'homme n'a pis le pied. Le roi de France CHARLES VIII effectue un pèlerinage à NOTRE DAME D'EMBRUN. A la fois fasciné et émerveillé par le rocher, Il décide de faire escalader la falaise de quelque trois cent mètres à pic afin d'atteindre la plateforme sommitale. Nous sommes en 1490. Il charge Antoine DE VILLE, seigneur de DOMJULIEN alors capitaine de MONTBELIARD et de SAOU, héro de la bataille de NANCY au côté du duc RENE II d'effectuer cette ascension. Bien que les éléments officiels manquent, c'est l'hypothèse que la famille DE VILLE aurait possédé des terres en Dauphiné et dans le diocèse de DIE qui aurait motivé le choix du roi. C'est ainsi que notre seigneur vosgien, accompagné de plusieurs autres personnes mandatées par le roi, vont escalader pour la première fois le MONT AIGUILLE le 26 juin 1492. Pour y parvenir, Antoine a bien sur l'expérience de l'assaut des forteresse, mais ce n'est pas un montagnard. Il va concevoir un système d'échelles baptisé "SUBTILS ENGINS" composé d'une demi-lieue d'échelles. Nous n'avons malheureusement aucun détail sur cette installation, sans doute un échafaudage de 250 mètres de haut...L'équipe demeurera au sommet du pic durant six jours, recevant la visite des seigneurs locaux comme Cilve DELATOR seigneur de CLELLES.



Le mont Aiguille ( collection particulière)

Par la suite, Antoine DE VILLE participe aux guerres d' ITALIE et notamment en 1495 quand il va s'emparer de TAGLIACOZZO, ce qui lui  vaudra le titre de duc de MONTE SANT-ANGELO. Il faudra ensuite attendre trois siècles avant que des alpinistes ne repartent à l'assaut du rocher.

En 1522 prend fin un long procès sur la succession des seigneurs de DOMJULIEN. Le château revient aux DE MARCOSSEY. La famille de BILDSTEIN leur succède. Nicolas DE BILDSTEIN qui occupe les lieux vers 1600 est aussi seigneur d' HURBACHE, de LUSSE, d'HADDIGNY-LES-VERRIERES (voir ces noms) et de FROVILLE. Il est gentilhomme de la Chambre de Gaston d'ORLEANS. Il est devenu seigneur de DOMJULIEN par son mariage avec Nicole de MARCOSSEY. Le 29 décembre 1696 la maison de BILDSTEIN s'éteint. 


Après cette date on perd toutes données historiques sur le château. Sans doute succomba-t-il à la guerre de Trente-Ans, puis comme bien d'autre il aura servi de carrière de pierre...



DOMJULIEN vue générale ( collection particulière)



samedi 22 avril 2017

LA PLACE FORTE DE VERDUN

LA PLACE FORTE DE VERDUN (55):

L'UNE DES PLUS ANCIENNE CITE DE LORRAINE

SITUATION

La ville VERDUN, la plus peuplée du département de la Meuse, est située sur les bords de la Meuse et à une altitude moyenne de 205 mètres.


HISTOIRE

Déjà présente à l'époque gauloise la cité VERODUNUM est occupée par les armées romaines dès 57 av. J.C. C'est une cité des Médiomatrices qui ont leur capitale à METZ. Sous DIOCLETIEN et CONSTANTIN 1er la ville devient chef-lieu de la CIVITAS VERODUNENSIUM et appartient à la Gaule Belgique.

Avec les invasions du III° siècle, VERDUN se fortifie. SAINT-SAINTIN évangélise la région au IV° siècle et fonde l’évêché. En 451 ravage du fait des Huns. CLOVIS assiège la cité au Vème siècle. En 511 l'AUSTRASIE est fondée, THIERRY 1er y règne, la ville est la capitale d'un comté. En 843 l'empire de CHARLEMAGNE est partagé entre ses trois fils, et c'est à VERDUN qu'est signé le traité. A cette époque la vile est prospère grâce à ses marchés dont celui aux esclaves. Des rapports sont entretenus avec l'Espagne musulmane. En 925 la LOTHARINGIE est rattachée au royaume germanique. La cité va faire partie intégrante du SAINT-EMPIRE durant cinq siècles. Les évêques obtiennent des droits féodaux. L'évêque HAYMON obtient même le droit de frapper monnaie. La maison d'ARDENNES fonde la dynastie des comtes de VERDUN en 963. GODEFROY 1er LE CAPTIF en est le premier membre.




                                                      Armes de la ville de VERDUN

Très vite la mésentente règne entre les comtes et les évêques. En 1047 GODEFROY LE BARBU s’empare de la ville et en chasse l'évêque THIERRY. Il incendie la cathédrale. En 1095 GODEFROY DE BOUILLON duc de VERDUN part en croisade. Il vend le comté au comte de BAR Renaud 1er. Mais d'autres seigneurs, Guillaume 1er de LUXEMBOURG et Henri 1erde GRANDPRE lui conteste la propriété du comté. Un donjon est élevé à cette occasion, vite rasé par les habitants.

Au XII° siècle les évêques ont droit de haute et basse justice. Ils possèdent aussi une dizaine de châteaux-forts. En 1227 les prélats reçoivent le titre de princes du SAINT-EMPIRE. Les conflits entre les verdunois et les évêques seront constants entre les XIII et XIV° siècle. L'influence française s’accroît continuellement aux frontières du comté. En 1315 la ville s'est placée sous la protection du roi le France LOUIS X LE HUTIN engendrant de nouveaux conflits avec la famille de LUXEMBOURG. 1318, 1350 c'est l'épidémie de peste. En 1314 VERDUN est une ville d'empire libre  de langue française.

L'évêque Nicolas PSAUME appelle le roi de France HENRI II pour lutter contre CHARLES QUINT. Ses armés entrent en ville sans combattre le 12 juin 1552. La province française des TROIS ÉVÊCHÉS est créée et les évêques perdent tout pouvoir. De 1590 à 1595 la ville redevient lorraine sous le règne de CHARLES III.

En 1675 VAUBAN sur ordre de LOUIS XIV visite la ville qu'il va fortifier avec édification d'une vaste citadelle.

Sous la Révolution le choix de BAR-LE-DUC comme chef-lieu du département de la Meuse n'est pas accepté par les verdunois.

Le ville résiste aux assauts de l'armée prussienne en 1870. A la fin du XIX° siècle le CAMP RETRANCHE DE VERDUN suivant les principes de SERE DE RIVIERE est créé, la citadelle est modernisée et treize forts et cinq redoutes sont construits à la périphérie de la ville ( VAUX, DOUAUMONT, FROIDETERRE etc ) Ces ouvrages connaîtront leur utilité lors du premier conflit mondial.

Les souterrains de la citadelle de VERDUN serviront d'abri aux troupes françaises lors des combats de 1916. Le 8 novembre 1920, c'est dans ces souterrains que le soldat Auguste THIN choisit le cercueil du soldat inconnu qui doit être inhumé sous l'Arc de triomphe de l’Étoile à PARIS.

En 1990 un CENTRE MONDIAL DE LA PAIX a été créé. Il occupe l'ancien palais épiscopal de VERDUN.


La ville de VERDUN possède une vingtaine de monuments classés Monuments Historiques.



ÉTAT ACTUEL

Les diverses fortifications de la ville sont en bon état de conservation. Seul l'intérieur de la citadelle, dont les vestiges de l'abbaye SAINT-VANNE sont envahis de végétation n'est pas accessible au public. Les deux portes médiévales: PORTE CHAUSSÉE et PORTE CHÂTEL et les souterrains de la citadelle méritent le déplacement.

ACCÈS

Venant de BAR LE DUC, ont entre par la route dans la citadelle. Un parking permet de stationner le véhicule pour la visite les souterrains qui se fait dans un wagon à déplacement automatique à travers les couloirs et les diverses salles. Au bord de la Meuse l'imposante PORTE CHAUSSÉE témoigne des anciennes fortifications médiévales tout comme la PORTE CHATEL à l'ouest de la cathédrale. La porte SAINT-PAUL de style classique résulte des travaux de VAUBAN.


VUES DU SITE


Le place de VERDUN ( Collection particulière)



LES REMPARTS MÉDIÉVAUX



La porte CHATEL


Le mâchicoulis



La porte CHAUSSÉE



Les tours



Le porche



Coté ville



Une gargouille



LES FORTIFICATIONS VAUBAN



La porte SAINT-PAUL



L'un des pont-levis



mécanisme des pont-levis



Les remparts de la citadelle



Une tour


Sous les courtines



Entrée de galerie souterraine



Poterne



Entre les ouvrages fortifiés



Bastion de tir


Entrée de la partie visitable



LES GALERIES SOUTERRAINES



Vue aérienne de la citadelle lors du conflit



Entrée des visiteurs



Wagon servant à la visite



En route dans les galeries



La gare militaire souterraine



La boulangerie



Le réfectoire



Cérémonie du choix du soldat inconnu



L’ALLÉE DES MARÉCHAUX





Tout au long des fossés de la citadelle sont présentés
des statues de tous les maréchaux de France





Détail


mercredi 19 avril 2017

LE CHÂTEAU DE SAINT-HIPPOLYTE

LE CHÂTEAU DE SAINT-HIPPOLYT (67):

UNE ENCLAVE LORRAINE EN ALSACE

SITUATION

Le château de SAINT-HYPPOLYTE se trouve sur la commune du même nom, au Nord-Est du village à 265 mètres d'altitude.


HISTOIRE

Le prieuré de SAINT-HYPPOLITE a été fondée en 760 sous les règnes conjoints de CARLOMAN 1er et de CHARLEMAGNE à l'initiative de FULRAD (710-784), quatorzième abbé de SAINT-DENIS (93). Cet établissement avait pour objet de conserver les reliques de SAINT-HIPPOLYTE que le religieux avait ramené de ROME. FULRAD fera aussi édifier un autre prieuré à LIEPVRE (68) en 770. Un village va s'édifier autour du prieuré. Au XI° siècle Gérard de DABO-EGUISHEIM devient le premier duc héréditaire de Lorraine. Il s'établi à CHATENOIS (88). Il est aussi voué des deux prieurés construits au VIII° siècle. A ce titre, en 1078, il spolie l'abbaye de SAINT-DENIS des localités de LIEPVRE, CHATENOIS (67) et SAINT-HIPPOLYTE. Dans son action il a l'aval de son cousin BRUNON, évêque de TOUL et futur pape LEON IX. L'abbaye francilienne proteste sans succès. Par la même occasion les lorrains s’emparent du château d'ESTUPHIN ( futur HAUT-KOENIGSBOURG- voir ce nom).
Néanmoins Thierry LE VAILLANT successeur de Gérard  restitue en partie les biens spoliés. Un acte officiel est rédigé en ce sens mais le moine Richer de SENONES estime qu'il s'agit là d'un faux...


                                                        Le duc Gérard d'ALSACE

Une coalition de nobles alsaciens prend les armes pour récupérer les terres annexées, mais ce sera sans succès. Vers 1202 l'empereur Frédéric II de HOHENSTAUFFEN est en conflit avec THIEBAUD 1er de LORRAINE. Il s'adjoint les renforts du comte de BAR et même de la comtesse Blanche de CHAMPAGNE. Le duc de Lorraine est vaincu et conduit prisonnier en Allemagne contre rançon. En 1250 MATHIEU 1er de Lorraine inféode le château d'ESTUPHIN à Cunon de BERGHEIM puis à Henri DE WERDE. Anselme II de RIBEAUPIERRE s’empare de la cité et l'incendie. C'est alors que le duc décide de fortifier la bourgade et d'y édifier un château. Le fief revient à HENRI 1er DE BLÂMONT. En 1316 le duc FERRY IV LE LUTTEUR reçoit l'hommage d'Ulrich DE WERDE, seigneur lorrain qui est landgrave d'Alsace. Cet hommage concerne aussi le château de FRANKENBOURG - voir ce nom.




                                  Le duc FERRY IV LE LUTTEUR

Léopold d'AUTRICHE s’empare de SAINT-HIPPOLYTE en 1359 qu'il vend à l'évêque de STRASBOURG. Le duc JEAN 1er conteste cette vente. Il récupère ses terres par les armes entre 1370 et 1374 pour les inféoder à Burckard DE FENETRANGE. La peste s’abat sur l'enclave lorraine en 1349, puis, c'est un tremblement de terre qui la ravage en 1356. CHARLES II confie le château aux famille de RATHSAMHAUSEN puis en 1427 à l'un de ses fidèle serviteur Antoine DE HATTSTATT DE VILLER en 1430.  

Sous le règne de RENE II l'enclave va connaître les exactions des Armagnacs en 1444. Sous le commandement du sire DE COMMERCY ils occuperont la cité jusqu'au 1er janvier 1445, délogés par les hommes d'Erasme de RIBEAUPIERRE ce qui n’empêchera nullement que la cité soit livrée aux flammes.

Bien qu'important producteur de sel, la Lorraine vendait ce produit bien plus cher sur son territoire qu'elle ne le vendait en gros en Alsace. Une contrebande du sel va se mettre en place, revendant le sel de DIEUZE à vil prix aux habitants des enclaves lorraines. Pour y remédier, le duc CHARLES III va ouvrir un comptoir de sel à SAINT-HIPOLLYTE en 1598. Ce produit sera vendu détaxé pour mettre fin à la contrebande. Dès le XV° siècle, la région fournissait la cour de NANCY de grandes quantités de vin transitant par SAINT-DIE. Il n'est pas étonnant que le duc CHARLES II soit mort de la goutte, les espoirs de guérison qu'il avait nourrit suite à la visite de Jeanne D'ARC étant restés sans effet.

En 1516 c'est François DE SICKINGEN et 600 hommes agissant pour le compte de la famille de WANGEN-GEROLDSECK qui s'empare de l'enclave lorraine. Les armées du duc ANTOINE LE BON fortes de 6000 soldats anéantirent les prétentions de l'aventurier à LIEPVRE. En 1525 le même duc réprima la révolte des Rustauds dans le sang après que ceux-ci ait ravagé le prieuré de LIEPVRE. Pour commander cette armée on trouve les ducs DE VAUDEMONT et DE GUISE. Les rustauds seront définitivement exterminés à SAVERNE le 16 mai 1525 faisant 21 000 morts. On sait aussi que les lorrains ne tolérait pas la religion réformée. Aussi, un prêtre nommé Wolfgang SCHLUCH fut arrêté comme sympathisant par Gaspard d'HAUSSONVILLE et brûlé vif à NANCY.




                                                           Le duc René II

A partit du milieu du XVI° siècle la paix revint et le château féodal laissa la place à un château d'agrément occupé par un bailli, devenant même l'une des résidences ducales. En 1564 ce bailli est Olry de WILDRANGES seigneur de THANVILLE - voir ce nom. Il aura maille à partir avec le baron de BOLLVILLER administrateur du Val de Villé, mais s’opposera aux comtes de RIBEAUPIERRE pourtant alliés traditionnels des lorrains. Une enquête ducale fut ouverte et le sire de WILDRANGE fut révoqué. Il sera remplacé par Jean DE SILIERES chancelier de la régente Christine DE DANEMARK assurant l'interrègne entre FRANÇOIS 1er et CHARLES III.

A partir de 1616, les malheurs de la guerre de trente ans apparaissent dans la région. Les troupes du duc CHARLES IV alliées des impériaux pillent la région. Un régiment français intervient. Il s'agit de mercenaires qui prendront vite le surnom de ''Suédois''. il sont commandés par Gustave HORN. A cela s'ajoute l'épidémie de peste. SAINT-HYPOLITTE est ravagée, son château détruit. En 1648 avec le traité de WESTPHALIE, l'Alsace devient française. SAINT-HIPPOLYTE devait retourner à la lorraine en 1697 après le  traité de RYSWICK, mais ce retour ne sera effectif qu'en 1718. Le chevalier DE GIRCOURT occupera le château reconstruit pour le compte du duc LEOPOLD 1er. 

A la mort du roi STANISLAS, SAINT-HIPPOLYTE comme l'ensemble des duchés de Lorraine et de BAR passe définitivement dans le giron français.

Le château, palais ducal occasionnel sous le règne de LEOPOLD 1er sera vendu à la révolution au citoyen DUMOULIN. En 1815 il appartient au maître des mines de charbon du KOCHERSBERG, puis au curé MERTIAN de RIBEAUVILLE qui le donne au père Guillaume-Joseph CHEMINADE de BORDEAUX fondateur de la société de Marie. Le château deviendra un pensionnat au XIX° siècle, une caserne en 1870 puis l'école normale jusqu'en 1879. Il retournera aux religieux et demeure encore de nos jour une école privée.




                                                    Blason de SAINT-HIPOLYTTE

ÉTAT ACTUEL

Le château a beaucoup été modernisé et transformé depuis le temps des ducs lorrains.

ACCÈS

Le bâtiment qui domine le village ne se visite pas.



VUES DU SITE



Vue générale du château au début du XX° siècle (collection particulière)



Autre vue du château ( collection particulière)