vendredi 22 août 2014

CHÂTEAUX DE SAINT-DIE (CHASTEL SOUS BURE - LA COUR - LES JOINTURES ) ET LA CATHEDRALE

LES CHÂTEAUX ET LA CATHEDRALE DE SAINT-DIE-DES-VOSGES (88) :

Saint-Dié, est la commune où j'ai vu le jour au siècle dernier, au hameau de LA PÊCHERIE, sous l'emplacement d'un château féodal disparu et d'un oppidum celtique ...

La puissante abbaye de chanoines de SAINT-DIE va s'entourer de châteaux forts. Ainsi vont naître les châteaux de SPITZEMBERG, CHAREMONT, CLERMONT ou MAHERUS, CHASTEL-SOUS-BURE. A l'intérieur de la cité il y aura deux forteresses :

La citadelle ecclésiastique des JOINTURES et de château ducal de LA COUR. 



Le beffroi de Saint-Dié (reconstitution)


LE CHATEAU DE CHASTEL SOUS BURE :

SITUATION

Ce château s'élevait au hameau de LA PÊCHERIE, au lieu-dit "HÔ D'CHETIO" (HAUT DU CHATEAU) sous la montagne de LA BURE qui possède à son sommet un oppidum celte.

HISTOIRE

On ne sait pratiquement rien de l'histoire de cette forteresse très ancienne. Elle est évoquée au début du X° siècle comme faisant partie du système de défense de l'abbaye des JOINTURES.
Son rôle, la surveillance de vallée de la Meurthe et de la voie reliant NANCY.

Il ne subsiste aucun vestige de ce château.


VUES DU SITE


Plan de situation. Lieu-dit Haut-de-château



La BURE ou RAIN CHAMPS COTE avec à son sommet le camp celtique, vu du site du château



Emplacement supposé du château




La vallée de la Meurthe





Site du château et colline de la Tête du Villé




LE CHATEAU DE LA COUR :


LE CHATEAU DUCAL


SITUATION

Ce château s'élevait à l'emplacement de l'ancien palais de justice, non loin de l'hôtel de ville.


HISTOIRE

Construit en 1266 sur ordre du duc de Lorraine FERRY III afin de créer un équilibre face à l’orgueilleuse citadelle des JOINTURES élevée par les chanoines. Ce château sera l'embryon de la ville de SAINT-DIE qui  elle aussi s'entourera de murailles.

LA COUR sera une des résidences ducales, les ducs vont préférer ce château au SPITZEMBERG (voir ce non) isolé sur une montagne. Les ducs, duchesses ou régentes tels Isabelle d'AUTRICHE, RAOUL 1er, JEAN 1er, CHARLES II, NICOLAS Ier, Catherine de LORRAINE, les reines Marie STUART qui était lorraine par sa mère et Claude de FRANCE y vécurent en 1560, Charles le Téméraire lors de sa tentative d'annexion de la Lorraine y a séjourné lui aussi de même que Claude de BAUZEMONT, l'homme qui tua le TEMERAIRE à la bataille de NANCY. 

De 1426 à 1458 Le margrave Jacques de BADE et son épouse Catherine demeurent au château qu'il transforment et y ajoutent un parc et de jardins. Nous sommes juste après une épidémie de peste noire qui a décimé la population en 1475.

Sous le règne de CHARLES IV, SAINT-DIE se dote d'un conseil de ville élu parmi les bourgeois. Ce duc donne le château à Catherine de BAR, fondatrice des Bénédictines du Saint-Sacrement en 1659. Le conseil de la ville se réuni sous la surveillance du prévôt du duc de Lorraine et du sonrier (chef de la police). Cette situation a pour but de casser l'autorité des chanoines. Malheureusement la Guerre de Trente-Ans éclate, CHARLES IV est en fuite et la ville est ravagées par les Suédois en 1633 et 1639.

Le château de LA COUR est en ruine. Il laissera la place à un couvent de capucin.

en 1757, la ville de SAINT-DIE est ravagée par un incendie. Les dernières traces du château disparaissent et les matériaux sont réutilisés pour la reconstruction sous le règne de STANISLAS.


Plan du château de La COUR


Reconstitution du château de LA COUR




LA CITADELLE DES JOINTURES :

BERCEAU DE L' AMÉRIQUE



La citadelle vers 1900

SITUATION

Cette citadelle fait partie intégrante de l'ensemble constitué par le cloître, la cathédrale et l'église Notre Dame de Galilée. Elle englobait aussi l'actuel musée, la bibliothèque et s'étendait jusqu'à la rue de la Corvée.


HISTOIRE

En 669 SAINT-DEODAT s'installe dans une région appelée VAL DE GALILÉE et y fonde un monastère bénédictin sur la colline DES JOINTURES. Brunon de DABO-ÉGUISHEIM fut le grand prévôt de l'abbaye en 1026. Cette fonction a rang d'évêque. Il deviendra le pape LÉON IX. Il donnera ses armes ( les trois roses à la bande) à l'abbaye. C'est l'époque où les voués supplantent l'autorité des abbés comme les PARROYE à MOYENMOUTIER. Aussi en 1125, le duc de Lorraine SIMON Ier devient lui-même voué de l'abbaye après un rude conflit. C'est peu après ces événements que l'abbaye va être fortifiée à l'intérieur d'une redoutable citadelle.



L'abbaye de SAINT-DIE

Les chanoines qui succèdent aux moines sont issus des grandes familles Lorraines. Ils tirent leurs revenus de leurs terres situées en pays Chaumontois (ancien nom de la région de SAINT-DIE) et d'autres en Alsace. En 1350, les chanoines sont au service de la papauté Avignonnaise et accueillent une foule d'ecclésiastiques cardinalices. Cette situation perdurera jusqu'au concile de Constance de 1414 à 1418.

L'abbaye qui s'est déclarée neutre lors du conflit entre le duc RENÉ II et CHARLES LE TÉMÉRAIRE est assiégée en représailles de cette décision en 1477. Les chanoines se rangeront au côté de RENÉ II. Ce duc humaniste a connaissance des écrits du navigateur AMERIGO VESPUCCI sur les découvertes du nouveau monde. Il charge une poignée de savant réunis sous le nom de GYMNASE VOSGIEN d'établir une nouvelle carte géographique du monde connu.


RENÉ II assiège SAINT-DIÉ

Ces gens étaient:
Le chanoine Vautrin LUD, procureur général des mines de Lorraine, son neveu Nicolas LUD, le cartographe allemand Martin WALDSEEMÜLLER et l'humaniste Alsacien Mathias RINGMANN. Leurs travaux sont édités dans l'ouvrage « COSMOGRAPHIE INTRODUCTIO ». Ils baptise alors le nouveau continent découvert du nom « d' AMERICA » en hommage à Amérigo VISPUCCI qu'ils considèrent comme son découvreur. 

L' AMÉRIQUE ÉTAIT NÉE.


La carte du monde de SAINT-DIE

Au XVI° siècle CHARLES QUINT est attiré par les mines d'argent de la région ( LA CROIX AUX MINES et SAINTE-MARIE AUX MINES). Il détache une armée depuis le siège de la ville de METZ pour prendre SAINT-DIE en janvier 1553. Ce sera un échec pour l'empereur face à la défense menée par le capitaine ducal Jacques de REYNETTE.

Puis ce fut les malheurs de la Guerre de Trente-Ans et ses sinistres arbres aux pendus dont un exemplaire a subsisté jusqu'à nos jours au hameau de REMÉMONT. La citadelle est dévastée.

Après le traité de RYSWICK de 1697, l'abbaye va connaître une longue période de paix troublée seulement par l'incendie accidentel de la ville de 1757. Depuis longtemps déjà les duc de Lorraine désiraient voir la collégiale de SAINT-DIE élevée au rang de cathédrale. Le Duc Léopold y parviendra en 1777. Louis de CHAUMONT en sera la premier évêque. Dés 1711 de duc a commandé à l'architecte italien Giovanni BETTO l'érection d'une façade classique flanquée de deux tours de style classique pour donner des clocher à la collégiale qui n'en possédait pas. Ces tours recevront ensuite des toitures en forme de bulbe qui deviendront populaires dans les Vosges avec l'arrivée de charpentiers polonais accompagnant de roi STANISLAS.

Le 14 novembre 1944 les troupes allemandes fuient devant la poussée américaine. Elles pratiquent la politique de la terre brûlée et incendient toutes les localités qu'elles abandonnent ( GERARDMER, CORCIEUX, ANOULD et bien d'autres subiront le sort de SAINT-DIE). La cathédrale est dynamitée. Il faudra attendre 1974 pour qu'elle retrouve son allure d'antan.


ETAT ACTUEL


De l'ancienne citadelle subsiste la porte de la barbacane implantée sous l'actuel musée, les remparts longeant la rue SAINT-CHARLES et la rue de la Corvée, la basse-cour présentant divers vestiges, l'entrée de souterrains dont on dit que l'un d'eux rejoignait le château de FRANKENBOURG situé non loin de SELESTAT (67).

La citadelle est inscrite au titre des Monuments Historiques par arrêté du 17 avril 1931.
La cathédrale, le cloître et l'église Notre Dame de Galilée sont classés par arrêté du 12 juillet 1886.


VUES DU SITE






Reconstitution de la citadelle par Gaston SAVE




Le palais épiscopal détruit par les Allemands en 1944



La porte dite de la barbacane  ( dessin de Gaston SAVE)




Les remparts et la porte vers 1910




La même porte en 2014, englobée dans le musée




Le couloir dit des souterrains




Extrémité Est des remparts




Rempart de la Corvée




Porte de la Corvée




La grande cour intérieure




Arrière de la cathédrale




Une porte condamnée




et un escalier qui ne mène plus nulle part


Rempart latéral aux églises




La bibliothèque du chapitre




L'ensemble abbatial, de droite à gauche, église Notre Dame de Galilée dite petite église, le cloître et la cathédrale.




L'église Notre dame de Galilée sans clocher et dont l'entrée est précédée d'un narthex.




Vestiges du palais  épiscopal



Façade du palais épiscopal. Depuis 1945 l'évêque habite à EPINAL.




La gargouille dite de l'IROQUOISE témoigne des connaissances de l'abbaye sur les Amériques




Un tilleul du XV° siècle a subsisté sur le parvis de la cathédrale




La façade classique




L'unique vitrail rescapé de la seconde guerre mondiale




La cathédrale en 1944




La grande nef




Le reliquaire de SAINT-DEODAT




La chapelle du saint sacrement




Le tombeau des évêques




Les nouvelles orgues




Intérieur du cloître




La chaire à prêcher extérieure




La travée Ouest du cloître qui ne fut jamais terminée




La cour du cloître




Le presbytère à gauche et la maison des chanoines à droite. Il y avait encore des chanoines à SAINT-DIE en 1980. Ils ont disparu faute de vocation...

1 commentaire:

  1. merci pour ce beau partage instructif. Une grande histoire et de grand batisseur ont façonné ma ville de naissance ...

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