mercredi 24 juin 2015

CHÂTEAUX DE SENONES

LES CHÂTEAUX  DE SENONES (88):

Ici je m'autorise une petite entorse car les châteaux qui vont être traités ne sont pas d'origine féodale bien que leurs constructeurs soient issus d'une famille présente dans la région depuis le moyen-âge: les SALM.





LE COMTE DE SALM  ET LA PRINCIPAUTÉ DE SALM  PUIS DE  SALM-SALM

La famille des comtes SALM originaires des Ardennes Belges, apparait en 1111 au château de LANGENSTEIN (54) - voir ce nom.
Hermann II est l'époux d'Agnès de LANGENSTEIN issue de la famille de MOUSSON. Dès 1200, les SALM sont voués de l'abbaye de SENONES. En 1459 Jean V  de SALM Rhingrave va constituer la seconde branche de la famille. En 1571 Jean IX, comte de SALM de la première dynastie s'allie à son cousin le Rhingrave Frédéric de la seconde dynastie pour commettre un coup d'état à SENONES en privant les abbés de leur pouvoir temporel. En 1597 Christine de SALM héritière de la première dynastie se marie avec François de LORRAINE-VAUDEMONT ce qui a pour conséquence de placer la moitié du comté (région de BADONVILLER) sous tutelle Lorraine. En 1600 la première dynastie s’éteint. Le comté passe aux mains des rhingraves de SALM (comtes sauvages du Rhin)


Le Rhingrave Frédéric meurt en 1608. Son fils le Rhingrave Philippe-Othon est élevé au rang de prince d'empire en 1623.



Dès lors la partie de territoire relevant de la seconde dynastie deviendra une principauté, les terres restantes du comté seront octroyées au duc de Lorraine HENRY II. Le Rhingrave Charles-Théodore-Othon, prince de SALM épouse la petite fille de la reine Elisabeth, sœur du roi Charles Ier d'Angleterre. Le couple n'aura aucune descendance mâle. Aussi, Dorothée de SALM va épouser son cousin Nicolas-Léopold de SALM et fonder la dynastie des SALM-SALM qui existe encore de nos jours. A la mort du roi STANISLAS et en vertu du traité de VIENNE de 1737, la Lorraine devient française et avec elle l'ancien comté de SALM. En 1751, avec l'accord du roi de France pour lequel il entretien une armée, Nicolas Léopold fonde la principauté de SALM-SALM dont la capitale sera SENONES. 


Nicolas-Léopold dit le Prince-Père

Le prince entre dans sa capitale en 1757, date où s’éteint l'abbé DON CALMET. Nicolas-Léopold portera le surnom de prince-père car il donna dix-huit enfants à son épouse dont neuf garçons. 1770, mort de Nicolas-Léopold et avènement de Louis-Charles-Othon. Celui-ci avait d'abord suivit la voix ecclésiastique et était devenu abbé de plusieurs abbayes: BOHERIES (Diocède de LAON), BEAUPRE (diocèse de TOUL), SAINT-QUENTIN-SUR-ILE (diocèse de NOYON). Il renoncera à cette voie pour succéder à son père engendrant ainsi le courroux de son frère cadet Maximilien-Frédéric-Ernest qui briguait la succession.


Louis-Charles-Othon de SALM-SALM

Mais Louis-Charles-Othon ne pouvait se marier sans dispense pontificale. Il l'obtint avec l'élection du pape PIE VI. Alors qu'il 50 ans, le prince épouse Marie Anne Félicité d'HORION à SERAING (B) le 30 octobre 1775. Il s'éteint sans postérité le 29 juillet 1778 et inhumé en l'abbatiale de SENONES. C'est un cousin de Louis CONSTANTIN qui va lui succéder. La principauté est placé sous autorité de la Sérénissime Tutelle afin d'éponger les dettes contractées par Louis-Charles-Othon. Le 31 décembre 1782 Constantin épouse Victoire-Félicité de LOEWENSTEIN WERTHEIM et tenta de s'affranchir de la tutelle.


Repas à la cour de SENONES
(tableau exposé à la mairie de RAON L'ETAPE)

En 1783 création du régiment d'infanterie de SALM-SALM, suite à une convention passée avec le roi LOUIS XIV, alors que la principauté est vassale de l'empereur germanique. C'est l'un des régiments qui se battra à VALMY. En 1787 fin de la Sérénissime Tutelle. Constantin est enfin maître en son pays, mais la révolution va éclater en France. Pourtant le pays n'est pas sans ressource, 400 mineurs sont employés à GRANDFONTAINE et la fonte fabriquée à FRAMONT s'exporte. D'autres ressources proviennent de l'exploitation forestière et de la pèche dans le lac de la Maix. De longs trains de bois flottent vers AMSTERDAM (NL) conduits par des ouvriers appelés les "OUALOUS", une activité qui perdurera jusqu'à l'arrivée du chemin de fer. En mars 1790 des cahiers de doléances sont rédigés sous l'autorité du chancelier Pierre-François NOEL qui occupe cette charge depuis plus de vingt ans, ayant succédé à Nicolas-François de BILISTEIN. Constantin est mécontent de l'esprit de ces cahiers, mais il ne peut bouleverser les usage de son état relevant de l'Empire. Néanmoins il fit de nombreuses concessions (réduction des impôts, abrogation des lois régissant les cabarets etc..) Le 15 août 1791 Constantin quittait définitivement SENONES. En France, la convention décide du blocus des frontières et voici la principauté privée d'importations du fait de sa position enclavée. La famine menaçait, il ne restait plus qu'à solliciter le rattachement du pays à la France. Celle-ci fut provisoirement acceptée le 2 mars 1793 et rattachée au département des Vosges.
C'en était fait de ce "paradis terrestre" ou la douceur de vivre était reconnue. Avec l'arrivée des français, c'est la fin des châteaux de leur cour, de l'abbaye, de sa fabuleuse bibliothèque et de ses moines,..



Le prince Charles-Philippe de SALM-SALM, son épouse
et le prince héritier lors de l'une de ses visites à SENONES


Il me plait à imaginer ce que serait devenu la principauté si elle avait pu survivre à la Révolution. Que serait devenu ce micro état :
Une principauté d'opérette ?
Un paradis fiscal?


Fête du bicentenaire du rattachement de la principauté à la France en 1993
Reconstitution de la garde princière


Monument du rattachement


Le pilori encastré dans l'hôtel MESSIER


LES CHÂTEAUX DE SENONES:

Deux catégories de châteaux existent à SENONES: Les châteaux et hôtels princiers au nombre de quatre et le palais abbatial.


L'ANCIEN CHÂTEAU
(Hôtel de BILISTEIN)

Édifié en 1754, il présente de nombreuses annexes et communs, tous devenus maisons d'habitation. Il est traversé de part en part par une rue. Victime d'un incendie en 1994, il est à l'état de ruine, son propriétaire ayant renoncé à sa réhabilitation. En annexes, nous trouvons des écuries et trois pavillons distincts, dont l'un est devenu la bibliothèque municipal.


Vue générale coté Est


Communs Sud


Communs Nord


Le passage côté ouest


Pavillon Sud-Ouest, au loin, le palais abbatial


LE NOUVEAU CHÂTEAU

Érigé de 1773 à 1778, il restera non terminé, notamment les trumeaux et linteaux de portes qui devaient être sculptés resteront un pierre bruts. transformé en manufacture après la Révolution, il deviendra un collège technique et connaîtra une longue période d'abandon. Récemment restauré, il est transformé en résidences en copropriétés. Il possède des communs situé en vis-à-vis, qui, au début du XX° siècle abritaient la brasserie de SENONES exploitée par la famille THUMANN.



Côté Nord


Communs surplombant la rivière
Le Rabodeau


Le parc du château a fait la place à des étangs qui servaient
de réserves hydrauliques pour les ateliers textiles aménagés dans la demeure princière


Les deux châteaux


L'HÔTEL DE PRINCE CHARLES


C'est l'actuelle bibliothèque municipale. Il donne accès à l'escalier monumental qui desservait des jardins aujourd'hui en friches.


Vue de la façade


L'entrée


La galerie


Le grand escalier qui menait aux jardins désormais en friches



L'HÔTEL DU CHANCELIER DIT HÔTEL MESSIER

Devenu une maison particulière, il fait face au précédent.


Façade


L'hôtel de ville


HÔTEL DU PRINCE FRANÇOIS

Situé en arrière des écuries du nouveau château, il est transformé lui aussi en résidences privées.


Vue générale


Les deux châteaux, l'hôtel du Prince Charles ou de MONTFORT, l'hôtel MESSIER ou demeure des chanceliers, le pilori et les jardins du prince Charles qui sont totalement en friches, sont classés monument Historiques.

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