LE CHÂTEAU DE
CHÂTEL-SUR-MOSELLE (88) :
ELLE ÉTAIT TOMBÉE DANS
L'OUBLI, C'EST POURTANT LA PLUS GRANDE FORTERESSE D'EUROPE.
55 000 m2 de superficie,
1400 mètres de circonférence, 22 tours, trois étages de galeries,
c'est le château de tous les recors !
SITUATION
Le château de CHÂTEL
SUR MOSELLE est situé sur la commune éponyme à 300 mètres
d'altitude. Cet énorme château domine la rive droite de la Moselle,
et ses remparts rejoignaient ceux de la cité de
« CHASTEL-SUR-MEZELLE » qui s'est bâtie à ses côtés.
HISTOIRE
Le site de la forteresse
est occupé par l'homme depuis la préhistoire.
Le château nait au XI°
siècle entre 1072 et 1100, érigé par la famille de VAUDEMONT, branche cadette des ducs de LORRAINE. Un conflit éclate en 1070 à
la mort de du duc Gérard d'ALSACE. Il laisse deux fils, Thierry
hérite le duché, son frère Gérard mécontent fonde la dynastie
des VAUDEMONT et engage une guerre contre les ducs de LORRAINE qui
durera 300 ans, lutte qui trouvera son paroxysme le 2 juillet 1431 par la bataille de
BULGNEVILLE, la victoire des VAUDEMONT et l'emprisonnement du roi René.
Dès 1150, un palais
seigneurial est érigé. En 1212, les VAUDEMONT sont vassaux du comtes de BAR. Hugues II de BAR étend considérablement la surface du château et ordonne la
construction de fortifications autour de la cité franche de CHÂTEL
qui est une enclave Barroise en LORRAINE.
Henri IV de VAUDEMONT est
tué à la bataille de CRECY en 1346, la place passe à son cousin
HENRI V de JOINVILLE-VAUDEMONT. Celui-ci meurt en laissant deux
filles qui se partage le comté. Marguerite âgée de 12 ans obtient
le château de VAUDEMONT (54), sa sœur Alix, 5 ans est marié à
THIBAUT VII de NEUFCHATEL qui a 6 ans. La famille de NEUFCHATEL est
bourguignonne. Elle va devenir maîtresse de CHÂTEL ainsi que du château de FONTENOY et d'ADIGNY (88) ainsi que BAINVILLE (54). Cette situation engendrera de nombreux problème aux ducs de LORRAINE.
De 1440 à 1471, le
château est encore renforcé et adapté à l'artillerie naissante.
En 1467 et en 1471, le duc de LORRAINE René II opposé à CHARLES LE
TEMERAIRE assiège par deux fois le château. Ces deux sièges seront
deux échecs. Les Bourguignons ne seront défait qu'à l'issue de la
bataille de NANCY en 1477.
En 1505, par mariage la
place passe aux comtes germaniques de WERDENBERG, bâtisseurs d'un
nouveau palais seigneurial. Cette famille s'éteindra sans héritier,
le duc de Lorraine ANTOINE acquiert enfin la forteresse.
De 1634 à 1670, lors de
la guerre de trente ans, il faudra neuf sièges successifs pour faire
tomber la place. LOUIS XIV ordonne sa destruction complète. Comme on
ne peut y parvenir, la population de CHÂTEL est contrainte de
démanteler les bâtiments et de remblayer les parties
souterraines avec les gravas. Le site est alors entièrement
enseveli.
En 1832, un couvent et un
séminaire sont érigés sur le site. Ils seront détruits par les
bombardements de la Seconde Guerre mondiale. Au cours des années
50/60, une rue est forcée au travers du site et l'on y construit
même deux bâtiments H.L.M. Ce quartier doit s'étendre, c'est alors
que Monsieur et Madame DEBRY créent une association pour la
sauvegarde du site en 1972. Les premières fouilles révèlent un
monument d'une ampleur exceptionnelle, motivant le classement au
titre des Monuments Historiques le 18 avril 1988.
LA VIE A
CHÂTEL-SUR-MOSELLE
L'examen du site révèle
des conditions de confort et de sécurité inhabituelle pour un
château fort. Les toits sont recouverts de tuiles vernissées
bourguignonnes et les fenêtres ne sont pas constituées de parchemin
comme c'est alors l'usage, mais de vitraux de verre provenant des
verreries vosgiennes. Il y a l'eau courante amenée par des tuyaux de
bois.
Le château est alimenté
par une source particulière qui jaillit à l'intérieur des
remparts.
Les réserves en vivre et
en armes sont prévues pour résister à des sièges de plusieurs
mois.
Pour le confort des
archers, un urinoir a été découvert dans un couloir.
La place abrite tous les
corps de métiers, mentionnons sa boulangerie, sa forge, son moulin.
Il y aussi une église particulière.
Le donjon sera adapté à
l'artillerie. Les terrasse d'artillerie ouest ont une largeur
autorisant le passage de voitures hippomobiles.
L'on a découvert deux escaliers en colimaçon su XIII° siècle alors que ce genre de construction est réputé postérieure au moyen âge.
Toutes les voies menant
au château sont truffées de pièges divers. Ces galeries sont un
dédale de couloirs aux escaliers irréguliers destinés à faite
chuter l’agresseur, des dispositifs casse-genoux ou casse tête
sont dissimulés dans les couloirs sombres dont certains se terminent
en cul de sac. Une profusion d'archères, de poivrières et autres
gourmandises pullulent de toute part.
SITUATION ACTUELLE
L'un des deux H.L.M. est
enfin voué à la destruction, pour l'autre, les tractations
continuent.
Mais il faut trouver
aussi le financement pour faire disparaître ces verrues.
L’œuvre accomplie en
quarante ans est titanesque :
137 528 tonnes de déblais
ont été évacués. 40 tonnes de chaux et de sable sont utilisés
annuellement. Placé sous l'égide de l'association « REMPART »,
le chantier a connu 146 chantiers employant des chômeurs, des
personnes en insertion, des détenus, des handicapés etc...
132 stages de formation
diverses pour les métiers associatifs de technique et de gestion,
227 classes de patrimoine
regroupant des étudiants de plusieurs nationalités, des officiers
de monde entier viennent étudier les extraordinaires systèmes de
pièges et de défense existant à la forteresse.
Un petit musée est
aménagé dans l'ancien couvent, point de départ des visites.
Malgré ses 90 printemps,
monsieur DEBRY et son épouse assurent toujours les visites guidées
y affichant leur passion dévorante pour ce château. Le prix
d'entrée est modeste, la durée de la visite est prévue sur deux
heures, mais, la passion aidant, j'ai bénéficié d'une visite de
trois heures trente.
Nombre de galeries et de
salles souterraines ne sont pas ouvertes aux visiteurs, les travaux
perdurent...
VUES DU SITE
Infatigable, Monsieur DEBRY, 90 ans, anime les visites
Plan du château réalisé par l'Association des Amis du Vieux Châtel.
Maquette du château
L'une des salles du musée
maquette de la porte aujourd’hui disparue
Vues de l'extrémité nord du château. Le bâtiment du couvent vu en hauteur remplace la porterie du château.
Vers le pont levis
Vestiges de la structure du pont levis
Chambre de tir dans une tour
Poste de tir d'artillerie avec copie d'un bâton à feu dont un exemplaire a été retrouvé sur place.
Les logis et la tour verrue
Base du donjon
Les logis
Entrée du charroi vers les communs
les communs et l'enceinte Est
Rempart est
Terrasse d'artillerie Est construite au XV° siècle
Tour d'artillerie et fossé large de 57 mètres
Tour d'artillerie
Rempart vu des terrasse
Les deux verrues construites dans les années 1960 à l'intérieur de la forteresse.
Ah, s'il y avait encore l'artillerie, je ne donne pas cher du H.L.M....
L'une des poudrière
Trou d'évent de sécurité des poudrières
Rempart ouest avec puits.
Un assommoir permettant de jeter des pierres sur les assaillants
La boulangerie
Tuyaux de bois pour l’adduction en eau
Les escaliers en colimaçon
détail de l'un des deux escaliers
Remontons des entrailles du château
Ce puits correspond à la réserve d'eau
La réserve d'eau établie peu après le résurgence de la source
La source
L’écoulement extérieur au château
l'un des chantiers
Les remparts est
Le rempart est
Ici, l'on aperçoit une autre porte non dégagée et l'évacuation des égouts de la place.
Galerie interne
archères internes donnant sur un couloir d'accès
Dispositifs brise-tête
poste de tir
Salle souterraine
dispositif brise-genoux
galerie en impasse
Le four permettant de chauffer les boulets métalliques pour les rendre incendiaires.
Toutes ces constructions étaient ensevelies en 1970.
Ce mur a été déterré sur toute sa hauteur
micro-cour intérieure
Chemin de ronde Ouest
tour en chantier
Autre partie déterrée
Poterne dans le rempart Ouest
Dernier regard sur Châtel
explications, commentaires et photos = superbes !
RépondreSupprimerFélicitations ! EXCELLENT !!!!!