samedi 16 juillet 2016

ABBAYE DE MOYENMOUTIER

L'ABBAYE DE MOYENMOUTIER (88) :

DÉFIGURÉE PAR L'INDUSTRIE DURANT DEUX SIÈCLES




Si aujourd'hui l'ensemble monastique de MOYENMOUTIER se révélé être l'un des plus remarquable du Grand Est, il était encore il y a peu caché par d'immondes bâtiments industriels qui durant deux siècles ont contribué à faire vivre des populations locales, qui, dans l'ensemble se souciaient bien peu des trésors architecturaux masqués par leur gagne-pain...

Mais, paradoxalement, c'est sans doute l'utilisation des lieux par des usines qui a permis de les conserver tels qu'ils apparaissent de nos jours.


SITUATION

L'abbaye de MOYENMOUTIER s’élève sur la commune du même nom. Elle se situe en bordure du RABODEAU, au centre de la ville à 310 mètres d'altitude environ.


L'abbaye au moyen-âge



HISTOIRE

Au VII° siècle, les disciples de SAINT COLOMBAN, moine irlandais fondateur de l'abbaye de LUXEUIL (70), explorent les Vosges. Ils ont noms ROMARIC qui fondera REMIREMONT, DEODAT qui s’installera à SAINT-DIE, GONDELBERT bâtisseur de SENONES ou encore HYDULPHE. Celui-ci est né vers 612 au sud de la Bavière deviendra évêque de TREVES (D). Tenté par l'aventure monastique, il s'installe au bord de RABODEAU et fonde un établissement nommé MEDIUM MONASTERIUM car situé au centre de ce qui deviendra la Croix Monastique des Vosges avec BONMOUTIER au nord, SENONES à l'est, ETIVAL à l'ouest et SAINT-DIE au sud. Il baptisera une jeune aveugle réfugiée au couvent d'ETIVAL- voir ce nom. Celle-ci retrouve la vue, c'est la future SAINTE-ODILE. HYDULPHE s’éteint vers 707.



Armes de l'abbaye


Au X°siècle l'abbaye est ravagée par les Hongrois vers 915 et restera abandonnée jusqu'en 960. Autour du tombeau de SAINT-HYDULPHE, les miracles se succèdent. L'abbaye qui suit la règle de SAINT-BENOIT est à la tête de vastes domaines en Alsace comme THANVILLE- voir ce nom, en Moselle et dans les Vosges. C'est aussi dans cette l'abbaye que le pape LEON IX, futur Saint-Léon - voir ce nom, recrute son principal collaborateur HUMBERT DE MOYENMOUTIER. En 1123 Hubert de PARROY devient voué de l'abbaye et fait construire le château de la HAUTE-PIERRE qui domine l'abbaye (voir ce nom). Elle fait aussi édifier deux autres châteaux à HURBACHE (voir ce nom). Très vite le voué rançonne les moines qui en appellent au duc de Lorraine MATHIEU II. L'abbaye est fortifiée en 1345 sous l'abbé Jean MALLA. Elle prend l'allure d'un château-fort avec pont-levis et murailles de huit mètres de haut.


Baptême de SAINTE-ODILE


Dépendant du duc de Lorraine, plusieurs abbés furent des membres de cette famille: Nicolas, Charles, cardinal de VAUDEMONT et Eric, comte de VERDUN. Celui-ci introduit la Commende ( une réforme religieuse). Les moines s'affranchissent de la tonsure. Mais en ces XVI° et XVII° siècle ce qui va occuper l'abbaye ce sont les procès en sorcellerie. Entre 1572 et 1618 il y eu 38 procès se soldant par 21 exécution au bûcher. Parallèlement les bâtiments souffrent d'un total abandon et menacent ruines. L'arrivée de l'abbé Don Didier DE LA COUR vers 1606 fait passer l'abbaye sous la congrégation de SAINT-VANNE. Ce changement est approuvé en 1608 par le pape CLEMENT VIII.


Saint-Hydulphe


C'est alors que l'abbaye renaît. Entre 1676 et 1790 l'abbaye devient un centre où se réunissent les savants théologiens, historiens, naturalistes, archéologues, entomologistes, médecins. On y rédige le premier traité connu sur le cancer. Les moines sous la direction de l'abbé Dom Hiacinte ALLIOT organisent les premières fouilles au DONON (vois ce nom). L'abbé Dom Hubert BELHOMME vient lui de l'abbaye de SAINT-MIHIEL (55). Il va constituer une bibliothèque qualifiée de "merveilleuse" comportant 11 000 volumes. L'abbé meurt en 1762. Il est remplacé par Dom Hubert BARROIS. Il confie à l'architecte Ambroise PIERSON le soin de reconstruire totalement l'abbaye. Le chantier durera dix années au début du XVIII° siècle. En 1771 Dom François MAILLARD est élu dernier abbé. Le 6 août 1791 c'est la fin de l'abbaye. MAILLARD est mort en 1790. En février 1791 et mai 1792 le mobilier est vendu aux enchères. L'évêque constitutionnel de SAINT-DIE, MAUDRU n’achète rien. La bibliothèque est saisie par l'Etat. Les bâtiments sont vendus 72 400 livres à un brigadier de gendarmerie nommé Nicolas ANDRE. Finalement, c'est l’industrie qui investit les locaux et une activité textile importante va y être menée jusque vers 1975 (BOUSSAC). Ensuite le site servira à la fabrication de couches pour bébés.

L'abbaye est classée Monument Historique dès 1840. Depuis quelques années un vaste chantier de destruction des friches industriel était mené. Après dépollution des lieux, un parc a été aménagé sur le parvis de l'abbaye, révélant une façade cachée au public depuis deux siècles...


ETAT ACTUEL

Les bâtiments bien qu'en cours de restauration ont fière allure. Un vaste parc remplace les usines. 


ACCÈS

L'abbaye située face à la mairie est librement accessible.


VUES DU SITE




L'abbaye au XVIII° siècle




Plan de l'abbatiale



 l'EPOQUE INDUSTRIELLE



Emplacement du parc actuel




L'abbatiale émergeait à peine des bâtiments (photo Claude BORDERIE 1971)




L'abbatiale vue depuis la gare aujourd'hui disparue.
Train touristique de l'association ASERMITA que j'avais la chance de piloter en 1987.




Les bâtiments abbatiaux et l'usine en 1987


L'ABBAYE EN 2016




Vue par le coté Est




Maison annexe




Côté Sud et ancienne ligne de chemin de fer ETIVAL-SENONES




Portail d'un jardin




Côté Ouest




Le château de HAUTE-PIERRE domine l'abbaye




L'aile Nord




La porterie




Le chantier du parc




côté Sud de l'abbatiale




côté Nord




MOYENMOUTIER est la seule église classique des Vosges




Les stalles 




SAINT HYDULPHE




Baptême de SAINTE-ODILE




Reliquaire de SAINT-HYDULPHE




Vierge et maquette de la chapelle N.D. de MALFOSSE située sur les hauteurs de la ville.




Navire EX-VOTO qu'on ne s'attend pas à rencontrer dans les Vosges




Maître-hôtel




Le balcon




La nef et les orgues




Stalles situées derrière l'autel




Le treuil




Porte principale




Passerelle des "Oualous" (ouvriers autrefois chargés de mener les trains de bois
flottant du Rabodeau jusqu'aux Pays-Bas)




Le Rabodeau et le bassin




Côté Nord de l'abbaye




Les vannes




La tour




Coté Nord-Ouest

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