LE CHÂTEAU D'ARCHES (88):
UNE SINISTRE PRISON
SITUATION
Le château d'ARCHES domine la ville du même nom. ses vestiges englobent tout un quartier et plusieurs maisons sont bâties dans les vestiges médiévaux.
HISTOIRE
En 1085, le duc Thierry II de Lorraine est en guerre contre ÉPINAL qui est messine. Il subit une défaite. En représailles, il fait construire l'important château d'Arches, sur les bords de la Moselle au sud de cette ville. L'endroit permet aussi de surveiller l'abbaye de REMIREMONT. La place est inféodée à une famille noble qui prendra le nom d'ARCHES. Thierry d'ARCHES occupe le château de 1118 à 1129.
Le château et la ville d’Arches-sur-Moselle
deviennent le siège d’une prévôté ducale gérée par un prévôt, dénommé "gruyer", et un substitut du
procureur de "Vôge" (région intermédiaire du département des Vosges compris entre la montagne et la plaine). A cause de son importance
stratégique, le château est spécialement confié à la garde d’un
gentilhomme qui a la confiance du duc. Ce châtelain ou capitaine
d’Arches, est un chef militaire qui joint à cette
qualité les fonctions moins glorieuses de geôlier. En effet la place deviendra l'une des plus sinistre prison de Lorraine.
Un Tribunal tenait ses audiences et rendait ses sentences sous une
halle, en dehors du château. Aux accusés qui s’obstinaient dans
la dénégation, le maître du vil office de REMIREMONT appliquait la
question. Et sans aucun doute, ici comme ailleurs, les épaisses
murailles de la chambre de torture étouffaient les
gémissements des innocents et des coupables. Car, ainsi que l’écrit
LA BRUYERE : « La question était une invention
merveilleuse pour perdre un innocent qui avait la complexion faible,
et sauver un coupable qui était né robuste ».
Les
prisons creusées dans le
sous-sol du donjon façon oubliettes formaient des culs de fosse. De même qu'à Épinal, la prison appelée "Puits du Château", était un trou profond où les prisonniers
entraient en se laissant glisser le long d’une corde. Et il advint qu’à
l’usage, la corde se trouva trop courte et que les prisonniers
qu’on « avalloit » (descendait) par ce chemin, se
laissaient choir de trop haut sur le sol et s’y rompaient les os.
Il fallut quelque temps pour que l’administration du domaine ducal,
qui était parcimonieuse, se décidât à rallonger la corde.
A
Arches, une grille de fer lourde fermait
l’ouverture des fonds de fosse et empêchait l’évasion des
prisonniers. La prison civile, beaucoup moins rigoureuse, était
simplement une chambre voisine de la salle où le bourreau donnait la
question ( En lorraine on recourait à deux méthodes principales: les grésillons où l'on écrasait les doigts avec de petits étaux et les tortillons pratiqués avec des cordes autour des membres) .
Dans
l’enceinte du château, il y avait un puits. Les délinquants étaient promenés tout autour et battus de verges jusqu’à effusion de sang. Ailleurs
se dressait les fourches patibulaires où l’on suspendait le corps des
suppliciés. Au bout d'un certain temps, les cadavres se détachaient,
décomposés par la pluie et le soleil, et les animaux sauvages, qui
peuplaient les forêts voisines, emportaient des
lambeaux dérobés à ce charnier lugubre. Une muraille de six pieds entourait le gibet pour garder les
cadavres hors de l’atteinte des bêtes.
La justice d’Arches pratiquait les supplices usités
dans le reste du Duché et qui figurent sur l’estampe de Jacques Callot : le feu pour les sorciers, le gibet, la marque.
Nous
avons, pour exemple, le récit d’une exécution par les verges et
la marque, qui eut lieu à Arches au XVIe siècle. Le condamné fut
remis à l’exécuteur des hautes-œuvres de REMIREMONT qui
l’exposa, au carcan, à la vue du peuple. Puis il fut conduit jusqu’à une croix de pierre, proche du grand pont séparant d’Arches à
Archettes. Alors qu’il cheminait, il était fustigé « par
plusieurs fois et en divers endroits jusqu’à effusion de sang ».
Arrivé à la Croix, il fut marqué sur l’épaule droite d’un fer
chaud à l’empreinte d’une double croix de Lorraine et déclaré
banni à jamais des terres et pays de son Altesse, si elle ne lui
donnait grâce. L’exécution terminée, le condamné s’agenouilla
et cria « merci à Dieu, à Son Altesse et à justice ».
Naturellement, les peines corporelles étaient réservées aux
infractions les plus graves. Pour les fautes légères, les
juges de la Prévôté ne prononçaient que des amendes.
Arches,
chef-lieu de la prévôté de ce nom, comprenait le château et la
ville proprement dite qui le jouxtait et se trouvait
enclose dans l’enceinte des murailles. Au-delà des murs et des
fossés s’éparpillaient les maisons du vieux bourg, sur
l’emplacement du village actuel. Dans le fait, si la forteresse
avait quelque importance stratégique, la ville et le vieux bourg
étaient peu considérables.
En 1652 durant la guerre de trente ans. la ville d'Arches ne comptait plus que trois ménages. La forteresse
se rendit. Les français la détruisirent par mine explosive.
ETAT ACTUEL
ETAT ACTUEL
Il
reste fort peu de choses du Château d’Arches. Les principaux vestiges sont englobés dans des constructions modernes. Seuls les vestiges du donjon étaient encore imposants au XIX°siècle. Malheureusement cette tour s'est écroulée en 1875. Il n'en reste plus qu'un amas de pierres informes.
ACCÈS
Pour accéder au château d'Arches prendre au centre du village la direction de HADOL (CD 44). Monter la rue du château à gauche en forte rampe vers le sommet de la colline où se trouvent les ruines. Le site s'étend sur une très grande surface partagée entre plusieurs propriétaires. Cette place faisait partie des plus grands châteaux de l'est de la France. Plusieurs maisons comportent des parties médiévales dans leur agencement.
VUES DU SITE
Plan des ruines du château d'Arches ( collection personnelle)
Vue ancienne du donjon (collection particulière)
autre vue (collection particulière)
Sur cette photo ancienne figure une tour carrée aujourd'hui entièrement disparue
Mur, vestige de la porte forte du château d'Arches
Vue des restes du donjon
Vue rapprochée du donjon
Détail des éboulis
Le donjon vu sous un autre angle
Vestiges de l'enceinte
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